Impressions
English version
Supports et techniques mixtes, 2018 –
2019.
Par divers moyens, j’explore un corps qui s’inscrit de plus en plus dans une affirmation, une incarnation ou une mise en scène de soi :
1) Le premier travail marque mon intérêt pour le corps et son enveloppe charnelle confronté au texte. La housse de vêtement vierge habituellement utilisée comme un film de protection est ici le biais d’un dévoilement, d’un corps qui se laisse lire. Une sur-couche, comme une sur-impression, sur laquelle des mots ou des phrases isolées prennent encrage, s’affirment, se dispersent, puis se répondent. À l’inverse d’un tatouage, ces écritures sont apposées sans intentionnalité évidente et un trouble apparaît dans la discordance des phrases posées comme une ombre sur la peau. Une manière subtile pour tenter d’habiller la nudité ou de la rendre plus suggestive…
2) Faire corps. Ce travail s’articule autour d’images de torse récoltées sur Grindr. J’ai conçu un vêtement écran qui expose ces photos intimes en décalage avec leur support d’origine. Il permet de me mettre en retrait de ces attitudes normalisées et d’en révéler le motif récurent. Le résultat met peau contre peau les photos sur le corps, produit une mise en abîme qui mime les attitudes en vigueur tout en les rejouant à ma manière. Les rapports d’échelle et de contraste entre le groupe et le sujet affirment deux dimensions différentes, où le corps de mon modèle se cache et se révèle dans les interstices de cette série.
3) Je collecte des étiquettes de vêtements qui ont un nom au pouvoir évocateur et qui me plaisent par leur aspect désuet, humoristique ou poétique. Je cherche à les replacer et commence par retourner des encolures de chemises pour les mettre au devant et les afficher explicitement. Puis la griffe se déplace et se porte comme une gourmette qui dénomme un trait de personnalité ou une anecdote au modèle. La lettre et le mot induit sur la perception de celui qui le revêt comme une légende pour en faire un portrait imagé. Autant de recherches qui doivent être lues comme des expériences spontanées dans lesquels les mots prennent place, s’agencent et parfois se combinent pour créer un lexique intime autour du corps.
4) Pour finir, je m'attaque plus directement au vêtement. Je propose une relecture des lingettes démaquillanttes récoltées auprès de drag queens en réalisant des impressions sur des tissus blancs. Des surfaces qui se retrouvent à habiller les corps de mes modèles ainsi qu'à devenir le support d'une construction pour eux. C'est une mise en scène qui se joue des identités, se les approprie ou les délaisse pour finir par rejouer leurs attitudes. La sensation d’une éternelle recherche qui boucle la boucle.
Aperçu de l’édition qui regroupe et parfois combine les différents axes de recherches présents ci dessus :